Nous avons voulu rendre hommage à Françoise Héritier, anthropologue et féministe, qui nous a quittés le 15 Novembre 2017, le jour de son anniversaire.
Historienne et géographe de formation, elle a découvert l’anthropologie grâce au séminaire sur la parenté de Claude Levy Strauss, à qui elle succèdera en 1982 au Collège de France. C’est en Afrique où elle partit en mission dès 1957 qu’elle a posé les fondements de sa recherche anthropologique, ouvrant sa réflexion sur le corps et consacrant toute son attention à la différence des sexes, ce qui l’interroge sur la domination masculine comme une construction culturelle et non biologique. Ainsi, ce rapport hiérarchique qu’elle a nommé « la valence différentielle des sexes », se retrouve dans toutes les cultures et à toutes les époques justifiant la mise en place de sociétés inégalitaires.
Françoise Héritier a été aussi une intellectuelle engagée dans la cité. Elle fut, de 1989 à 1994, la première femme Présidente du Conseil National du Sida, où elle lutta contre l’ostracisme qui frappait les séropositifs dans les prisons. Elle a été membre du Conseil Consultatif National d’Ethique, et elle s’est investie dans les grands débats de notre société : la contraception où elle a reconnu qu’elle est pour les femmes une révolution essentielle, la parité, la prostitution, le mariage homosexuel, les procréations médicalement assistées, les violences sexuelles jusqu’à l’affaire Weinstein où elle s’est félicitée de la prise de parole des femmes du monde entier pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles de leurs agresseurs.
Jusqu’à la fin de sa vie, Françoise Héritier a tracé une route hors norme, par sa pensée et ses écrits. Loin de ses ouvrages savants, elle nous a surpris par ses récits « Le sel de la vie » et« Au gré des jours » où elle évoque ses souvenirs, et les petits riens de l’existence, qui sont aussi des supports à l’élaboration de sa vie.
Ecoutons-la dans un entretien qu’elle nous a accordé en 2012.
Un entretien réalisé par Catherine Wolff, un montage et des lectures par Catherine Wolff et Eve Grimbert. Prise de son : Patrick Frederich